3 setups in-ears monitors pas cher pour petits budgets

L’utilisation des retours in-ears ou IEM est très tendance ces dernières années. C’est notamment parce qu’elle rapporte de très nombreux avantages non négligeables. Sur cette article, je vous propose 3 setup d’un système IEM complet, qui correspondra à 3 niveaux de budget différent.

L’IEM very low cost à $250

La solution la moins chère consiste tout simplement à fournir à chaque musicien un amplificateur de casque audio qui saurait résoudre à très petit prix la question du « more me » (« plus de moi »). En effet, le premier problème des musiciens sur les systèmes IEM, c’est de ne pas s’entendre soi-même correctement. Ceci peut à la fois venir d’oreillettes de mauvaise facture, mais aussi d’un mixage inadapté aux systèmes IEM en entrée de l’amplificateur de casque.

L’utilisation de système sans fil ne sera pas possible à moins d’avoir un très gros budget. Le système sans fil est très cher car nécessite beaucoup de challenges techniques (conversion analogique/numérique, protection des ondes électromagnétiques, émetteurs programmables pour pouvoir changer de canaux en cas d’interférence, système de synchronisation de fréquences, …).

Les écouteurs

Pour résoudre ces deux problèmes tout en maîtrisant le budget, je propose les in-ears monitors de la marque chinoise KZ Acoustics. Contrairement à ce qu’on peut penser des produits de cette région du globe, les IEM de cette marque sont très potable en utilisation professionnelle. J’utilise moi-même le KZ ZSN Pro depuis un an étant claviériste, et notre vocaliste utilise le KZ ZST-X depuis à peu près la même période.

Si le budget est réellement de préoccupation, je vous recommanderai le modèle KZ EDX qui me semble actuellement le moins cher de la marque. Beaucoup de Youtubeurs anglophones le recommande également.

Ecouteurs in-ears KZ EDX

L’amplificateur de casque

Pour les amplificateurs de casque, je recommande le Behringer MA400 qui sert à la fois d’ampli casque, de splitter et de mixer. Il en faudra un par musicien/chanteur. Son rôle sera de :

  • mixer le signal de l’instrument en entrée avec un bus général (voire même le FOH) et doser la quantité d’instrument et la quantité de mix général pour que le musicien s’entend bien dans ses oreillettes tout en ayant la forme générale de l’ensemble.
  • fournir une sortie THRU de l’instrument pour alimenter le console de mixage en façades. Il remplace donc un splitter.
  • fournir la puissance d’amplification nécessaire pour les écouteurs in-ears. D’ailleurs, c’est l’une des avantages des écouteurs KZ, leur impédance fait qu’ils n’ont pas besoin de beaucoup de puissance.
Le Behringer MA400

A rappeler toutefois que l’entrée de ce mini-ampli/mixeur/splitter fonctionne à mic-level. Il vous faut donc impérativement un DI box pour abaisser le niveau de signal de votre instrument si elle fonctionne à line-level, sinon vous risquez de cramer le préamplificateur de ce merveilleux outil.

Il existe également le Behringer HA6000 qui vous permet d’avoir ce même outil mais directement pour 6 musiciens (donc 6 sorties de casques et 6 entrés auxiliaires). Par contre, le HA6000 a des entrés line-level et ne propose pas de solution pour splitter vos signaux. Vous aurez besoin d’un splitter et d’un préampli à part, ou bien un grand nombre de sorties auxiliaires depuis votre console pour ramener différents signaux aux amplis casques. En plus, vous perdez la possibilité de mettre les boutons à portée de chaque musicien, les potards de tous les musiciens devront être contrôlés au même endroit.

La console de mixage

Le plus merveilleux pour ce type de setup est que la console de mixage ne nécessite aucune modification. Vous gardez vos patchs, voire même vous retirez vos patch d’enceintes de retours wedge.

Les achats à faire (résumé)

Pour résumer, imaginons le coût et l’inventaire des matériels pour un groupe à 5 musiciens :

  • 5x Behringer MA400 : 30$ x 5 = 180$
  • 5x KZ EDX : 5$ x 5 = 25$
  • Rallonges mini-jack pour les casques, câbles XLR et câbles jack pour alimenter vos amplis casques : à voir selon votre plan de scène

Ceci s’arrondit à moins de 250$ pour un setup complet de in-ears monitors suffisante pour un groupe débutant voire intermédiaire.

Les retours in-ears avec un console de retour dédié à moins de 1000$

Le glow up du précédent setup serait de décharger le rôle de mixage à l’ampli casque et de fournir une vraie console pour mixer les retours. Nous gardons donc les mêmes écouteurs (KZ EDX), et nous reconfigurons le reste.

L’ampli casque

Etant donné qu’on n’a plus besoin de mixer nos retours sur l’ampli casque, nous pouvons nous offrir un ampli casque moins cher et plus compacte. Le Behringer P2 répond à ce besoin. C’est très peu coûteux et surtout moins encombrant sur scène.

Behringer P2

Le console de mixage

Vous pouvez minimiser vos budgets en utilisant directement la console de mixage des façades pour mixer un bus retour pour chaque ampli casque. Mais vous n’aurez probablement pas assez de sortie si la console de mixage des façades n’a pas assez d’auxiliaires/mixbus.

Par conséquent, il est primordial d’investir dans une console de mixage pour mixer vos retours de scène. L’utilisation d’une console de mixage numérique me semble indispensable, car ceci vous permettra d’avoir individuellement le contrôle de vos retours par musicien en utilisant leurs smartphone, étant donné que si vous êtes serré niveau budget c’est qu’il n’y aura souvent jamais de technicien son dédié aux retours.

Il faudra également que la console ait assez de mixbus/auxiliaires pour alimenter chaque ampli casque. Pour la plupart des groupes de musiques ordinaires, je recommanderai la Behringer XR18.

Behringer XR18

Mais pour envoyer vos instruments à la fois à la console de façade et la console de retour, vous devez disposer d’un splitter, active ou passive (appelés également des câbles Y). Pour ma part, je recommande toujours la marque Behringer qui me semble la meilleure option pour maîtriser son budget : je prendrai donc autant d’Ultralink MS8000 que j’en aurais besoin. Généralement, avec un XR18, vous aurez besoin de deux de ces splitters.

Pour ceux qui ont plus de budget, vous pouvez prendre la Behringer X32 dans sa format « rack » et vous épargnez peut-être le besoin d’un splitter si votre console de façade est aussi une console compatible AES50 : vous pourrez alors partager les entrées d’une console à une autre juste avec un câble RJ45 et des routings dans le menu. Mais pour moi, ça revient beaucoup plus cher.

Résumé des achats

Pour un groupe à 5 musiciens, on va donc compter :

  • 5x Behringer P2 : 35,35$ x 5 = 176,75$
  • 5x KZ EDX : 5$ x 5 = 25$
  • 1x Behringer XR18 : 529$
  • 2x Behringer ULTRALINK MS8000 : 72$ x 2 = 144$
  • Câbles XLR pour ramener les signaux à la console de retour et pour ramener les auxiliaires aux amplis casques

Ce qui nous mets autour de 900$. Si on avait opté pour un X32 rack et estimé que la console de façade a une entrée/sortie AES50 :

  • 5x Behringer P2 : 35,35$ x 5 = 176,75$
  • 5x KZ EDX : 5$ x 5 = 25$
  • 1x Behringer X32 rack : 969$
  • Câbles XLR pour ramener les signaux à la console de retour et pour ramener les auxiliaires aux amplis casques, câble RJ45 pour échanger les signaux entre la console de façade et la console de retour

Soit autour de 1200$. Personnellement, je trouve que la contrainte qu’ajoute la X32 avec l’interface AES50 n’en vaut pas la peine :

  • Si vous ne faites que des petits scènes, vous aurez de petits consoles et la gamme des produits qui a l’interface AES50 n’est pas réellement entrée de gamme (le coût de licence pour implémenter cette interface est cher).
  • Et dès que vous attaquez de gros scènes, il y aura des matériels professionnels, et la marque Behringer est souvent absent dans le milieu professionnel pour la simple raison qu’elle n’est pas réellement destiné pour ce milieu, dans l’inconscient collectif des techniciens sons. Vous verrez plutôt des Midas, des Yamaha et des Allen & Health qui ne parlent pas AES50 (avec Midas il y a encore un peu d’espoir).

Mais quand vous êtes dans un écosystème 100% Behringer, la X32 c’est le top : votre X32 rack pourrait se connecter au réseau, que ce soit l’AES50, l’Ultranet voire même du Dante, du MADI ou du SoundGrid si vous achetez la carte d’extension qui va avec.

Vous remarquerez également mon choix de n’utiliser que des matériels au format rack, ceci vous permettra de garder l’ensemble dans un rack unique pour faciliter le transport et les branchements (vous gardez tout pré-branché dans le même rack et vous l’emportez partout).

En prime, vous pouvez utiliser l’interface audio intégré à la XR18 ou à la X32 pour faire un enregistrement multipiste d’un spectacle et/ou utiliser des effets/plugins/samples en live (VST et VSTi notamment). Avec la X32, vous pouvez carrément faire du virtual soundcheck (la XR18 pourrait aussi faire du virtual soundcheck mais uniquement sur vos retour in-ears, car elle n’envoie rien sur la console en façade).

Abordons le wireless pour $1000 de plus : matériel in-ears monitors pour un budget de $2000

Ici, on va pouvoir se lâcher un peu en ajoutant des systèmes sans fil. Nous garderons tout le setup complet avec la XR18 mais nous retirerons quelques amplis casques en remplaçant par des transmetteurs IEM.

Transmission sans fil

Ainsi, pour la transmission sans fil, vous ne trouverez rien de potable du côté de la chine.

Update décembre 2022 : une marque américaine nommé Phenyx Pro semble fabriquer ses appareils en chine tout en ayant une réputation assez positive auprès des youtubeurs américains.

Il y a toutefois quelques points à vérifier pour choisir votre système sans fil :

  • Le type de transmission : analogique ou numérique. La transmission analogique est moins complexe. En raison de sa faible complexité, la transmission peut être facilement perturbé. Au contraire, un système numérique dispose généralement de mécanismes assurant l’intégrité de la transmission et évitant ainsi les altérations de celui-ci. Toutefois, la conversion analogique/numérique reste une opération électroniquement coûteuse (en conception et en fabrication).
  • La plage de transmission : évitez la plage de fréquence de 2.4 GHz qui est fortement utilisé par des appareils diverses comme le Wifi, le bluetooth et bien d’autres. La fréquence 5 GHz et 6 GHz sont actuellement assez libre, mais les mêmes usages du 2.4 GHz prévoient actuellement migrer vers ces nouvelles fréquences, donc le même problème surviendra dans les années à venir dans cette plage.
  • Groupage et canaux : le mécanisme de groupage et de canaux permet de choisir la fréquence sur laquelle transmettre. Plus vous avez du choix, plus vous évitez les interférences en choisissant des canaux et groupes peu saturés. Encore mieux si vous pouvez faire scanner les fréquences.

Le Phenyx Pro PTM-11 reste actuellement le système sans-fil moins cher que j’ai trouvé sur internet ayant des retours potables de la part de youtubeurs et influenceurs. Son alternative, le Phenyx Pro PTM-10, permet d’utiliser deux récepteurs par émetteurs en mono, tandis que le Phenyx Pro PTM-22 est un combiné de deux Phenyx Pro PTM-11 dans la même boîte.

Résumé

Pour un groupe de 5 musiciens et 1 vocaliste qui sont 100% wireless :

  • 1x Behringer XR18 : 529$
  • 2x Behringer ULTRALINK MS8000 : 72$ x 2 = 144$
  • 3x Phenyx Pro PTM-22: 255$ x 3 = 765$
  • Câbles XLR pour ramener les signaux à la console de retour et pour ramener les auxiliaires aux amplis casques

Ce qui nous mets autour de 1500$.

Conclusion générale

Les retours in-ears peuvent paraître trop cher à premier abord, mais finalement 250 $ correspond à un tarif beaucoup moins cher que l’achat de retours wedge, et permet beaucoup plus en terme de flexibilité (utilisation de click tracks et backing tracks, moins de volume sur scène, …). Mais dès qu’on grimpe dans les sans fils, c’est beaucoup plus cher.

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