Comment éliminer le larsen lors d’un concert ?

Ce son si désagréable en concert, facile à maîtriser en théorie mais difficile à gérer le jour J. Je vous présente mes quelques astuces pour éviter ce désagrément au maximum lors du mixage d’un concert.

Gérer la directivité de vos enceintes de retour

C’est LA première chose à faire. Si votre enceinte de retour émet des sons dans la zone de captation d’un microphone, c’est impérativement le larsen assuré. Avant même de tenter de corriger avec des EQ ou diminuer le gain sur la console, assurez-vous de bien placer vos enceintes.

Les enceintes de retour se placent habituellement devant l’instrumentiste (n’oubliez pas, la voix est aussi un instrument) et dirige le son vers son visage (et plus particulièrement ses deux oreilles). Dans le cas d’un chanteur ou d’une chanteuse, le micro utilisé pour la performance est naturellement dirigé de la même façon : le micro se place devant sa bouche et se dirige vers son visage également.

Le micro étant conçu pour la performance sur scène (comme le cas du célèbre Shure SM58), la polarité du micro empêche généralement la captation (du moins, la forte captation) des sons provenant de l’enceinte qui devraient donc actuellement provenir à 180° :

Polarité typique d’un micro de chant de scène

Evitez donc à partir d’aujourd’hui de placer des enceintes de retour à gauche ou à droite de votre chanteur. Comme vous pouvez constater sur la graphe, ceci peut augmenter considérablement les chances d’un larsen.

Utiliser des micros adaptés à la condition de captation

La deuxième chose à améliorer, c’est de choisir le bon micro pour la bonne condition de captation. S’il y a tant de micros sur le marché c’est que chacun répond à une demande précise. Comme on a vu sur le précédent paragraphe, la polarité d’un micro joue sur le larsen.

Evitez donc à tout prix de prendre des micros à forte « bleed » qui capterait des sons autour de son environnement, comme les retours de scène. C’est par exemple le cas des micros à condensateurs qui, comme par hasard, sont rares sur scène.

Dans le cas d’un batteur qui chante, par exemple, privilégiez plutôt un micro serre-tête avec peu de bleed au lieu d’un micro sur pied/perche immobile où vous allez devoir mettre un micro à forte bleed pour capter la voix pendant que le batteur bouge.

Envisagez même de mettre des shields sur les zones à forte ambiance sur scène (comme le cas de la batterie) pour protéger certains micros de certains sons inutiles. Par exemple, si votre chanteur se place trop près de la batterie, envisagez de mettre des drums shields autour de la batterie.

N’envoyez pas les rooms et les ambiances sur les retours de scène

Bien évidemment, des micros d’ambiances et de rooms nécessitent généralement une captation généralisée qui, dans ce cas, nécessite des micros très sensibles et très captatives. Ceci engendre malheureusement la captation non intentionnelle des retours de scène.

Mais fort heureusement, les rooms et les ambiances ne sont pas nécessaires sur scène. Revenons aux sources : pourquoi il vous faut des micros de rooms et d’ambiances ? C’est pour reproduire l’ambiance ressentie sur scène sur une autre condition d’écoute : dans le public, en transmission broadcast, ou dans votre salon en regardant un DVD du live. Ces ambiances sont généralement les réflexions sonores des éléments du scène.

Inutile donc de remettre sur scène ce qui y est déjà, ceci ne fait que boucler une boucle et inciter les larsens.

Adoptez les in-ears monitors

Les in-ears monitors sont des pépites qui évitent les larsens. Vu que ce que vous jouez ou chantez sur scène n’est plus renvoyé dans l’environnement ambiant de la scène mais directement dans vos oreilles, il est physiquement impossible pour votre micro de recapter ce qu’il envoie vers la console.

Toutefois, il est important de capturer tous les sonorités de la scène et de les envoyer dans vos in-ears monitors, sans quoi votre performance serait bizarrement légère et impuissante, du point de vue du performeur : l’envoi des micros d’ambiances et de rooms sont obligatoires. Vous serez même peut-être amené à ajouter d’autres micros d’ambiances (notamment les micros pour capter les cris du public).

Baisser la sensibilité de votre préamplificateur

Une fois tous les précédents problèmes réglés, et que le problème se manifeste toujours, il est temps d’ajuster la console.

La première chose à vérifier est le gain apporté par la préamplification et la compression (via son make-up gain). Si votre préamplificateur est trop sensible, il captera facilement des sonorités ambiantes provenant de votre source. Si c’est le cas, il est temps de baisser le gain.

Mieux vaut un gain faible pour isoler l’instrument à capter, puis remonter plus tard dans la chaîne de mixage le volume.

Régler les problèmes de directivités et de réflexions de la façade

C’est également possible que votre problème d’ingénieur de son/retour soit lié à un ingénieur système maladroit. Les enceintes de façades sont particulièrement puissantes et si elles sont mal configurés et mal positionnés, elles risquent de renvoyer du son ambiant trop important vers la scène.

Ce type de problème se manifeste principalement quand vous avez des façades trop reculés, ou bien des façades de balcons dirigés à +/- 90° et que les périphériques de gestions d’enceintes n’ont pas été correctement configurés pour les déphasages et retards (pour mettre toute la salle dans la même phase et donc la même directivité).

Il est aussi possible que l’ingénieur système pousse les enceintes de façades trop fort et que leurs sons se réfléchissent sur des surfaces (comme les murs, le sol, les gens de la salle, …). Les cathédrales sont particulièrement connus pour ces réflexions qui engendrent des échos puissants, même juste avec votre voix.

La première arme possible serait de baisser le volume. Oui, inutile d’avoir un gros bouilli sans nom, si à un volume plus bas, vous évitez les réflexions tout en gardant l’intelligibilité du son : vous évitez à la fois les larsens, mais vous gardez aussi une clarté de votre mixage.

Si vraiment une salle a une géométrie complexe qui induit des réflexions, investissez sur les panneaux acoustiques ciblant les points les plus problématiques.

Eliminez les points sensibles avec un EQ

Si vraiment rien n’y fait, il est temps d’éliminer les points sensibles avec un EQ. Un larsen se compose souvent d’une fréquence fondamentale et quelques harmoniques. Il suffit de baisser légèrement ces EQ sur la source pour essayez de couper le larsen. Sachez toutefois que cela altère inévitablement la qualité de la captation et devra être utilisé assez subtilement et à compte gouttes.

Vous pouvez également essayer de gérer cela sur le système des retours de scène uniquement, si le problème peut s’y régler. Cela permettra de garder un son non charcuté sur les façades.

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